« Si je ne suis pas moi, qui le sera? »
- solifleur
- 22 nov. 2016
- 3 min de lecture

Ces quelques mots de Henry David Thoreau seront le point de départ de ce blog, mon point de départ.
Ils résonnent en moi profondément. Ils ne m’ont pas quittée ces derniers jours au détour de mes fouilles intensives sur la toile à la recherche d’un truc, DU truc qui me permettrait de démarrer ce premier billet.
Ils résument à eux seuls ce qui me pousse à prendre la plume, et expriment très simplement ma motivation, ma pensée du moment, et par la même ce que je suis actuellement.
L’authenticité est une notion primordiale pour moi, aussi bien dans ma vie personnelle que dans ma toute nouvelle vie d’auteur. En l’observant, ce mot a pris l’allure d’une gigantesque montagne invincible. Il semble tout me dire, et rien à la fois, alors qu’intimement je sens qu’il est essentiel à ma vie.
Qu’est-ce qu’être authentique? Avec soi? Avec les autres? Quand l’est-on vraiment? Est-ce possible de l’être à 100%? Est-ce souhaitable? Un tas de question se presse dans ma tête.
Depuis quelques années, nous observons la course effrénée de notre société de consommation vers un retour aux sources. On veut du brut, du bio, du naturel, traduisez du véritable. Effet de mode ou réelle prise de conscience? Quoi qu’il en soit, ce phénomène gagne autant le monde des choses que celui des vivants. On n’a jamais autant entendu parler d’authenticité dans les magasines, les émissions psycho. De nombreuses techniques de développement personnel surfent sur la vague, et bien que cela semble implicitement contenu dans la promesse, la quête première n’est plus celle d’être heureux mais celle d’être soi. Où se trouve justement l’authenticité à vouloir l’être, si la démarche est sous-tendue par un mouvement de société et non par un désir, un choix personnel et sincère?
Qu’en est-il de la définition d’authenticité? Le petit Robert nous dit : « qui exprime une vérité profonde de l’individu et non des habitudes superficielles, des conventions. » Ce sens nous met, je trouve, face à la montagne dont je parlais tout à l’heure… Cela semble si fondamentale et si complexe que l’on peut se poser la question de la possibilité d’en saisir la véritable essence (!)…
Son étymologie, quant à elle, nous renvoie plus à quelque chose de formel, et qui me semble presque immuable puisque cela désigne une qualité intrinsèque d’une chose ou d’une personne qui lui confère autorité.
L’aspect immuable est pour moi impensable. Les choses, les lieux, les situations, les hommes sont altérés par le temps, par l’homme lui-même et se dénaturent. Et à tout cela s’oppose le fait que notre monde, les êtres qui le peuplent, nos idées, sont en construction permanente, en chemin. La transformation est constante, synonyme de la vie qui se poursuit. Mon moi authentique d’hier n’est déjà plus celui d’aujourd’hui et n’est pas encore celui de demain… Pourtant je ne crois pas me trahir en cela.
Une idée m’effleure, la notion de globalité, de totalité… Je repense à certaines maladies évoluant sous la forme d’un syndrome et qui peuvent s’exprimer de 0,1% jusqu’à 99,99%. Même dans sa forme la plus subtile, la maladie est pourtant totalement authentique. Faut-il alors que chaque chose où chacun soient « complets » pour être authentiques?
En poussant le trait au maximum, que penser alors des personnes présentant un handicap physique ou mentale? Sont-elles d’authentiques êtres humains? Les droits de l’homme ont depuis longtemps répondu à cela.
Qu’en est-il de notre personnalité? Sommes-nous condamnés à n’être que ce que nous sommes dans le plus pur et parfois le plus cru de nous-même, et rien d’autre? Est-ce cela le prix de l’authentique authenticité? Je ne peux m'empêcher de penser que par fatalité et complaisance cela pourrait être la porte ouverte vers des choix de facilité, de médiocrité et dans un autre registre un piège rempli de situations gênantes et inadaptées selon le contexte. Comment ne pas intégrer notre volonté de nous améliorer, cherchant à mettre en avant nos atouts tout en occultant certains défauts? Est-ce se trahir que de tenter d’être la meilleure version de soi-même? L’Authenticité serait-elle forcément synonyme d’exhaustivité? Et du coup de non-choix? Il parait indispensable de conserver la liberté et la possibilité de moduler notre curseur de transparence tout en restant authentique. Devons-nous offrir le même taux d’authenticité dans chaque situation et avec des interlocuteurs différents selon leur degré d’intimité avec nous?
Je comprends vraiment toute la complexité de cette notion et je me dis qu’il y a peut-être autant de réponses que de personnes.
Pour ma part, je ressens l’authenticité comme la véritable expression du Moi présent au moment présent, et qu’au delà de critères, désignés comme authentiques, mais difficilement quantifiables car mouvants, de la personnalité et des valeurs d’un individu, c’est l’authenticité de sa démarche, de son engagement à être, à faire et à dire qui lui confère sa vérité profonde.
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